Plaidoyer : Que les populations Guinéennes soient la référence majeure
Le débat sur les problèmes en Guinée choque par moments. La faiblesse du débat politique en Guinée, et à propos de la Guinée, est que l’on s’évertue à placer ce débat au dessus des populations guinéennes en occultant leurs problèmes de base. Combien de temps encore, après plus de vingt années de multipartisme, ces populations devront attendre que leurs besoins soient au centre des revendications politiques?
La Guinée a été qualifiée de scandale géologique du fait des richesses de son sol et de son sous–sol. Ces richesses, en grande partie minérale, sont actuellement à la baisse au prorata des fluctuations du marché mondial. Alors qu’elles auraient pu servir à impulser la productivité à travers la création d’unités de production capables de résorber le chômage des jeunes. La crise socioéconomique due à l’absence de productivité dans le pays et son lot de manques - l’inégale répartition du revenu national, l’inexploitation de nos richesses et la mauvaise exploitation de l’infime partie exploitée, ainsi que tous les maux sociaux et économiques - ne frappent pas que des fractions géographiques sociales ou culturelles particulières. Ces maux et tares frappent l’ensemble intégré et confondu des populations guinéennes.
La situation de pays potentiellement riche crée aussi des jalousies et des peurs. Très peu de chefs d’État, héritiers de pays au sol et au sous-sol pauvres, admettraient de voir la Guinée jouer le rôle de leadeurship économique dans la sous-région ouest africaine. Qui va résoudre nos problèmes pour nous? Aux guinéens d’en avoir pleine conscience.
Ne nous aveuglons pas inutilement. Résoudre un problème dans une partie de la Guinée ne résoudra pas le problème en Guinée. Il est même certain que la durée de vie des solutions partielles est courte. Encore une fois, la Guinée a besoin d’une solution d’ensemble qui implique toutes les guinéennes et tous les guinéens. Qu’il s’agisse de Guinéens A ou de guinéens B jusqu’aux Guinéens Z - à la majuscule ou à la minuscule - si cela existe dans les esprits. Pour le commun et les voisins, ce sera « les Guinéens ». Et, point final.
La théorie des guinéens indivisés et indivisibles devrait être l’idéologie de base des partis politiques et du gouvernement pour relever les défis existants et nouveaux. Ou alors les partis politiques devraient utiliser une telle idéologie contre le gouvernement ou vice–versa. L’idéologie politique de la Guinée indivisée et indivisible doit être la pratique politique et non un simple moyen de mobilisation derrière lequel se cache d’autres velléités. Cela réalisé, il sera rendu à la nation entière, à travers ses institutions étatiques, le rôle qui lui appartient de traiter sans partie pris des injustices et des inégalités à restaurer.
Aucun citoyen guinéen ne doit se targuer d’être l’émanation de la loi sociale, le bras vengeur ou le défenseur d’une entité à aucun titre. Cette attitude est un danger réel destructeur ou tout au moins retardataire. Elle suscite des vocations de même type idéologique : la dictature ou le totalitarisme aveugle. La défense de nos populations est une et indivisible. Son objectif est un et indivisible : restaurer la qualité de vie de nos populations dans la paix et le travail complémentaire de chacun et de tous. Qui considère cela comme une vue de l’esprit, considère aussi la nation guinéenne comme virtuelle au présent et au futur. En réalité on se neutralise par ce biais. La vie du peuple tend vers l’infini. Que nos temporaires partitions soient positives. Que cela soit écrit et accompli.
O. Tity Faye