Présidentielle en Guinée : première élection libre sous tension

Publié le par O. Tity Faye

 

Après plus de 50 ans de dictatures, les Guinéens se rendent aux urnes pour le second tour d'une élection présidentielle sur fond de tensions entre les Peuls et les Malinkés, les deux principales communautés ethniques du pays.

Il s'agit du premier scrutin libre depuis que la Guinée a obtenu son indépendance face à la France, en 1958.

Le vote doit mettre fin à près de deux ans de régime militaire après le coup d'État de décembre 2008 qui avait suivi le décès du président Lassana Conté.

Le duel oppose l'ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, figure historique de l'opposition.

Diallo, membre de la communauté peule, est arrivé en tête du premier tour du 27 juin avec 44 % des suffrages. Il part donc favori devant le Malinké Condé, qui n'a recueilli que 18 % des voix. En dépit de cet écart marqué, l'issue du deuxième tour demeure incertaine du fait des alliances nouées avec des tiers partis.

Dans la capitale, Conakry, les électeurs affluaient dans les bureaux de vote dès l'aube. « Tout le monde est pressé d'en finir avec l'ancien système, la gabegie, les détournements », assure Saidou Cissé, médecin retraité de 67 ans. « Avant, celui qui s'asseyait au pouvoir, la caisse était pour lui et sa famille. Résultat : la Guinée est riche, avec sa bauxite, son fer, etc., mais on vit misérablement. »

« On va enfin avoir un chef élu par le peuple et pour servir le peuple ! », s'exclame Hélène Boiré, professeure de 55 ans. « C'est la fête, mais les gens resteront tendus tant que les résultats n'auront pas été acceptés, sans dérapages. »

Les résultats provisoires ne devaient pas être connus avant mercredi.

 

Un climat explosif

Fin octobre, la campagne a été entachée par des épisodes de violences politico-ethniques à Conakry et dans plusieurs villes de l'est. Selon les témoignages, les affrontements ont fait des dizaines de blessés et au moins un mort.

Les deux candidats ont mis de côté leurs différends, vendredi, pour se donner l'accolade en public et lancer un appel à la fraternité.

« Nous, les militaires [...] sommes résolus à accompagner et à enraciner la démocratie », a réaffirmé le président de la transition depuis dix mois, l'ancien général putschiste Sékouba Konaté.

 

Une succession de régimes autoritaires

L'ex-colonie française a été contrôlée pendant 26 ans par celui qui l'a conduite à l'indépendance, Ahmed Sékou Touré. Le révolutionnaire, qui voulait mettre en place un régime socialiste, s'est mué en despote paranoïaque après avoir été victime de plusieurs tentatives d'assassinat et de coup d'État.

Le « général-paysan » Lansana Conté lui succéda pour 24 années de régime militaire gangrené par la corruption.

Puis, le capitaine Moussa Dadis Camara se présenta comme le « sauveur » du pays, fin 2008, avant de se muer en chef mégalomane et agité.

Selon Assiatou Touré, une Guinéenne de 67 ans, le nouveau président devra faire en sorte de « sortir le pays de la souffrance. [...] Nous n'avons jamais eu d'électricité ni d'eau dans les maisons et mangeons difficilement deux fois par jour. » Dit-elle.

Radio-Canada.ca avec Agence France Presse, Associated Press et Reuters-11 Novembre 2010 - Mise à jour le dimanche 7 novembre 2010 à 8 h 19

 

 

Publié dans Politique

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