CHRONIQUE D'UNE DÉMOCRATIE ANNONCÉE-publication intégrale

Publié le par O. Tity Faye

 IV – LA STRATÉGIE DES ALLIANCES

À l’exception du Pup en butte aux contradictions avec les mouvances présidentielles, les partis politiques de l’opposition s’empressent de faire de nouvelles alliances en prévision des législatives. Suivant les traces de l’Aguna de Facinet Touré se forme – le 7 octobre – le Front de lutte et de gouvernement (Flug) constitué de l’Unr, du Rpg et du Pgp.

Comme une réplique aux alliances de Conakry, l’Alliance nationale pour la démocratie (Anad), est créée dit-on pour le compte de la Guinée Forestière. Il comprend des partis politiques quasiment inconnus jusque-là : le Parti libéral démocratique (Pld) ; l’Union nationale démocratique (Und) ; l’Alliance nationale de développement (And) ; le Parti pour le développement économique de la Guinée (Pdeg).  Ses actions sont restées dans l’ombre.

Au cours de ce mois d’octobre, certains autres évènements entretiennent l’espoir d’une accélération de la transition vers le processus électoral :

- l’annonce de la participation des partis politiques – à compter du 1er octobre – à la commission financière pour fixer le montant de la caution à payer par les partis politiques en vue de participer aux législatives.

- la prestation de serment de la Cour suprême, le 26 octobre

- la mise en place du Conseil national de la communication (Cnc), le 29 octobre.

IV.1 - Les jeunes leadeurs : Oury Bah de l’Ufd

Parmi les partis politiques dirigés par les jeunes leaders, Oury Bah se distingue à la tête de l’Union des forces démocratiques (Ufd). À partir des évènements de la crise de l’université, il a abandonné de brillantes études[i] en France pour dit-il « participer au renouveau démocratique de la Guinée ». Avec cette motivation, il fut un moment une boussole pour les revendications de la jeune classe politique et de l’ensemble de la jeunesse en quête de changement et de renouveau. Son discours en direction des jeunes dénonce un conflit politico-générationnel. Par exemple, à la place de la revendication par l’opposition d’une conférence nationale visant à moraliser la gestion du pouvoir, il propose une approche différente. Pour lui, il faudrait une conférence nationale dont l’objectif serait de « juger globalement la classe politique qui de 1958 à 1992, a influencé d’une façon ou d’une autre le destin de la Guinée aux plans politique et économique »[ii].

Ses positions tranchées, à ce propos, mettent sur la sellette le pouvoir en place autant que les leaders radicaux de l’opposition. Ce qui fait de l’Ufd un parti médian affrontant – dans sa marge – l’opposition et le pouvoir en place en même temps. Il maintiendra cette ligne directrice même quand l’opposition substitua à la revendication de la Conférence nationale souveraine, la mise en place d’un Gouvernement d’union nationale de transition. Les partis de l’opposition et le pouvoir, sans se consulter, mettent au ban politique Oury bah et son parti.

Mais il sera encore celui qui contribuera au réveil de l’opposition. En novembre 1992, une tentative d’assassinat est perpétrée – selon le gouvernement –, contre la personne du chef de l’État au carrefour du quartier de la Bellevue dans la commune de Dixinn, à Conakry. Le pistolet s’est enrayé au moment de tirer et le coupable arrêté, disent les autorités. Elles interpellent Oury Bah sur lequel pèsent leurs soupçons.

Ce fut le prétexte pour l’opposition – bloquée par la loi anti-manifestations – de se faire entendre. Ses leaders envoient une délégation pour réclamer aux autorités guinéennes la libération d’Oury Bah. Elle n’est acquise qu’après des enquêtes d’usage qui le disculpent. Cela porte à croire que les évènements de l’université avaient mis le leader de l’Ufd à l’index !

En même temps, de jeunes leaders sans électorat précis, se font mieux connaitre sur la scène politique à travers quelques réunions et des entrevues avec la presse privée : La cause commune (Lcc) avec Malick Sankhon ; l’Alliance pour le renouveau national (Arena) de Gouréissy Condé ; le Parti libéral démocratique (Pld) ; l’Alliance démocratique nationale (Adn) de Telli Diallo.

Ces leaders étaient dans la tranche d’âge de 30 à 40 ans. Ils avaient un discours politique critique qui ne bascule pas dans l’opposition radicale. Pour des raisons financières évidentes, ils décideront de se projeter au-delà de ces élections nationales pour le futur. Sur le parcours nombre d’entre eux – rejoignant ou pas le Pup – finiront par accepter des postes de responsabilité au niveau gouvernemental ou au niveau de l’État.

Quelques autres partis politiques tels que l’Udr de Me Alpha Bacar Barry[iii] et l’Upg de Jean Marie Doré ne se particularisent, en dehors des alliances, que par un discours politique virulent ou coloré.

En cette fin d’année 1992, tout le monde se bouscule aux portes des législatives. La plupart ne semble pas s’apercevoir de la panne de logistique qui affectait alors les préparatifs des élections. L’échéancier politique ne pouvait être respecté car le recensement et les listes électorales n’étaient pas terminés. Le pouvoir profite de l’affaiblissement des partis politiques par l’interdiction des manifestations publiques pour annuler les législatives.

Dans la deuxième quinzaine du mois de décembre – sans consultation avec les partis politiques – un communiqué du Conseil des ministres annonce le report des législatives sine die. Au cours de la conférence de presse qu’il organise – à propos du rejet des législatives – avec le ministre de la Justice, Alsény René Gomez rejette la faute sur l’hésitation des bailleurs de fonds et les délais de transfert de fonds.

Le gouvernement annonce par sa voix, au cours de cette conférence de presse, que le Budget national de développement (Bnd) pour 1993 couvrira les deux tiers des 12 milliards Fg de dépense pour l’organisation des législatives. Calcul politique? Assurément. La suite des évènements le prouvera.

L’on peut donc retenir que de 1990 à 1992, le processus démocratique en Guinée a eu pour vecteur directeur la crise sociale, politique et économique sur fond d’émeutes et de manifestations. Il en a résulté des destructions de biens publics et des pertes en vies humaines. Le pays a connu, en 1992, au moins 25 manifestations dont plus de la moitié basculèrent en émeutes très violentes. Ces manifestations ont occasionné – selon les chiffres officiels de 1992 – une centaine de blessés et autant d’arrestations de personnes. Le bilan des morts s’éleva à 73 dont une vingtaine victime de la criminalité due à l’insécurité. Les dégâts matériels étaient évalués en centaines de millions Fg pour causes de manifestations politiques, selon le gouvernement. Les chiffres que proposaient certains partis politiques de l’opposition sont le triple des chiffres officiels pour la seule année. Sous la pression des partis politiques et de la communauté internationale la plupart des personnes arrêtées ont été relâchées, sans accusation et donc sans jugement.

Au sommet de Dakar au Sénégal, en cette fin d’année 1992, l’Organisation de l’unité africaine (OUA), aujourd’hui l’Union africaine, discutait des foyers de tension répertoriés en Afrique, notamment : le Libéria, l’Afrique du sud, la Somalie, L’Algérie, etc. … L’annonce de l’assassinat du président du Haut conseil d’État d’Algérie, Mohammed Boudiaf, foudroie l’auguste Assemblée. En Guinée on se demandait encore : qu’allait – il arriver et comment ? L’année 1992 s’est achevée sur des relents d’échec pour la transition démocratique. L’échéancier politique n’a pas été respecté.

IV. 2 - 1993, une nouvelle donne politique !

L’année 1993 arrive ployant sous le poids du bilan désastreux de l’année 1992. Sur le plan économique, les résultats sont catastrophiques. Aucune réalisation n’est venue s’ajouter à l’existant qui se dégradait, faute d’entretien. Dans l’ensemble, malgré les promesses d’assainissement de la gestion publique toujours présentes dans le discours de fin d’année du chef de l’État et du gouvernement –le Général Lansana Conté– il n’y a pas de changement notable.

Sur le plan social et politique, la répression soutenue par des lois est érigée en moyen de dialogue. En majorité les populations vivent dans la crainte à cause de l’insécurité et du grand banditisme. Mais aussi du fait des règles gouvernementales qui tendaient à limiter les expressions politiques.

Pourtant la presse privée et les syndicats avaient encore des marges de manœuvre. Cette presse dénonce. Les corps de métiers revendiquent. Les partis politiques subissent la loi anti-manifestations publiques. Le gouvernement décide de jouer son vatout.

En effet –avec le report des législatives et dans l’attente d’une nouvelle date– les fragments de mouvances politiques satellites se regroupent autour du Pup et de la personne du président de la République. Ce n’est pas que le Général Lansana Conté –lui-même– élabore une doctrine. Il agit pour être au-dessus de la mêlée. Sa stratégie « simpliste » donne une bonne place à la gestion indirecte du système mis en place. Ce mode de gestion consiste à utiliser au maximum la délégation de pouvoir en ce qui concerne la gestion de la chose publique appelant une visibilité constante. C’est aussi ce qui explique la succession des gouvernements qui servent à couvrir ses propres fautes. Les changements ministériels interviennent aux moments où la critique du laxisme et de la corruption administrative atteint un summum. Conséquemment, aux yeux de l’opinion publique la seule culpabilité des ministres et hauts cadres de l’État est à considérer. Paradoxalement, ceux-ci restent impunis. Dans les cas retentissants, de simples fonctionnaires du service public sont démis de leur fonction un moment à la place des vrais responsables que sont les ministres et les personnalités dans le cercle du pouvoir autour du chef de l’État.

Au fond, cette stratégie est à deux vitesses : elle disculpe le président de la République des tares et fautes de gestion d’une part. De l’autre, elle lui permet de s’attacher la reconnaissance des cadres par le biais du laisser-aller et laisser faire dans la gestion. Ils peuvent alors s’enrichir en veillant aux intérêts personnels, matériels et politiques, du président de la République. La contrepartie !

Avec les partis politiques, il va essayer d’utiliser la même méthode pour s’allier des leaders politiques. Le Général Lansana Conté qui déclarait deux années auparavant sur les média internationaux, « Je n’ai pas d’opposants en Guinée » change de registre. Il annonce en ce début de 1993 vouloir rencontrer –individuellement – les leaders des partis politiques.

La réponse de l’opposition se fait à travers le Forum démocratique national (Fdn). À la suite de sa réunion du 20 janvier 1993, l’opposition considère que « globalement, cette ouverture est un début de dialogue mais insuffisante ».

Dans les déclarations des partis membres du Forum réapparait, de nouveau, l’exigence de la Conférence nationale comme préalable au dialogue. En majorité les leaders politiques rejettent les rencontres individualisées avec le chef de l’État.

Des concertations individuelles auront lieu plus tard, d’avril à juin 1993, principalement avec des leaders de l’Alliance nationale des forces démocratiques (Anfd). Jean Marie Doré de l’Upg –considéré comme appartenant à l’aile radicale– y répond lui, en juin 1993. Peu de choses intéressantes filtrent de ces rencontres. Les leaders l’ayant accepté se contentent de dire – amèrement – à la presse qu’ils avaient eu une enrichissante discussion sur l’avenir de la Guinée.

Les rencontres les plus attendues étaient celles avec Alpha Condé du Rpg et Siradiou Diallo du Prp. La concertation ne pouvait évidemment pas avoir lieu avec le leader du Rpg. Pour celui-ci, la base de ce dialogue devrait être : « d’élever le

niveau du débat national sur le passage de la 2ème à la 3ème République »[iv]. En somme, le changement suivi de la passation de service ! La rencontre avec Siradiou Diallo avorta une fois et, il n’en fut plus jamais question. Cette démarche de dialogue individualisée du président de la République avec les leaders politiques restera donc inachevée, écorchant au passage son image politique. Puisqu’on s’accorde à conclure, en définitive, que « le président Lansana Conté n’est pas un homme politique de dialogue ».

À l’exception de Jean Marie Doré, la plupart des leaders politiques qui ont accepté cette rencontre finiront, plus tard, par s’allier soit à la mouvance présidentielle soit au Pup. Certains accepteront des postes de responsabilité gouvernementale ou en tout cas relevant de l’État guinéen. S’il n’est pas un homme politique avisé, le chef de l’État avait su négocier des adhésions !

D’autres moyens sont mis en œuvre pour rénover l’image de marque du président de la République. En effet, ignorant les grincements de dents du Pup, le Mouvement de soutien au président Lansana Conté (Mosalac) fait irruption sur la scène politique. Il a un rôle complémentaire de celui du Comité de soutien au président Lansana Conté (Cosalac). Ce dernier est une sorte de laboratoire de conseils, d’idées et de tactiques visant à bloquer les manœuvres de l’opposition.

Le Mosalac est conçu comme un mouvement d’action, un instrument de propagande en faveur de l’image de marque du président de la République. Composé de jeunes dans la tranche d’âge de 18 ans et plus, il est considéré comme une émanation du Cosalac, son aile activiste. Crée en février 1992, avant la naissance officielle du parti qui soutient les actions du gouvernement, il se distingue justement du Pup en centrant son action sur la personne du président de la République, le Général Lansana Conté. Son jeune président, Issa Soumah était à la tête de la Direction de la jeunesse du ministère de la jeunesse et des sports. Dans une entrevue accordée à L’hebdomadaire « L’indépendant », en 1993, il explique que : le Mosalac constitue un groupe de lobbying crée dans la perspective des présidentielles pour défendre l’image de marque du Président Lansana Conté.

Partant, il fournit des statistiques de réalisation sur le terrain que le Pup était loin de comptabiliser, en ce moment : nous avons fait du 2 juillet au 10 août 1992, puis du 1er octobre au 22 octobre et du 1er au 31 novembre 1992 – soit en 70 jours dans 33 préfectures, 14 000 km de route sur le terrain et tenu 95 meetings pour sensibiliser sur des thèmes comme la paix, l’unité nationale, et la tolérance à l’intérieur du pays. Nous avons également parlé des réalisations de la 2ème République, expliqué ce qu’est la Démocratie et démontré qu’il fallait mettre la nation au-dessus des partis politiques[v]

Selon lui, la venue tardive du Mosalac sur le terrain s’explique par le fait que les apologètes du Pup voyaient en cette structure un potentiel parti politique concurrent autour du président de la République. Ce que dément le leader du Mosalac en affirmant : « les membres du Mosalac appartiennent au Pup mais avec l’objectif de soutenir le Président de la République, qu’il s’agisse des législatives ou des présidentielles »[vi].

L’on ne s’explique pas alors pourquoi le Mosalac n’était pas apparu au moment où il était question des préparatifs des législatives qui ont été reportées.

L’offensive du Mosalac fut un indice de l’inversion probable du calendrier électoral : les présidentielles d’abord, les législatives ensuite. La réalité était bien simple à percevoir malgré les camouflages : le parti qui soutient les actions du gouvernement, le Pup, ne semblait pas être prêt à affronter, victorieusement, les législatives et à assurer l’élection du président Lansana Conté.

Le pouvoir en place a donc décidé d’organiser les présidentielles, faire en sorte de gagner en utilisant diverses mouvances dont celles des couches socioprofessionnelles que l’opposition s’était aliénée. Élu, le président de la République pourrait – plus tard – apporter son électorat au Pup et lui faciliter l’obtention d’une majorité parlementaire. Il en sera ainsi par la suite.

Le débat visant le blocage de l’inversion du calendrier électoral reste au niveau du débat d’école, sans plus. L’opposition menace, pourtant, de boycotter les élections dans le cas d’une inversion de l’échéancier électoral. Requiem !

D’ailleurs, de février à juillet 1993, les partis politiques de l’opposition se concentrent sur une revendication unique : l’accès aux média nationaux. Ils espéraient, par ce biais, pouvoir mieux informer les populations guinéennes des enjeux politiques et économiques. En effet, dans la perspective des élections législatives, il avait été question de permettre aux leaders politiques d’intervenir sur la Radiotélévision guinéenne (Rtg) aux fins de campagne électorale. Cependant, la date et la nature des élections futures restaient indéfinies : Législatives ou présidentielles ?

L’année 1993 arrive ployant sous le poids du bilan désastreux de l’année 1992. Sur le plan économique, les résultats sont catastrophiques. Aucune réalisation n’est venue s’ajouter à l’existant qui se dégradait, faute d’entretien. Dans l’ensemble, malgré les promesses d’assainissement de la gestion publique toujours présentes dans le discours de fin d’année du chef de l’État et du gouvernement –le Général Lansana Conté– il n’y a pas de changement notabl

Sur le plan social et politique, la répression soutenue par des lois est érigée en moyen de dialogue. En majorité les populations vivent dans la crainte à cause de l’insécurité et du grand banditisme. Mais aussi du fait des règles gouvernementales qui tendaient à limiter les expressions politiques.

Pourtant la presse privée et les syndicats avaient encore des marges de manœuvre. Cette presse dénonce. Les corps de métiers revendiquent. Les partis politiques subissent la loi anti-manifestations publiques. Le gouvernement décide de jouer son vatout.

En effet –avec le report des législatives et dans l’attente d’une nouvelle date– les fragments de mouvances politiques satellites se regroupent autour du Pup et de la personne du président de la République. Ce n’est pas que le Général Lansana Conté –lui-même– élabore une doctrine. Il agit pour être au-dessus de la mêlée. Sa stratégie « simpliste » donne une bonne place à la gestion indirecte du système mis en place. Ce mode de gestion consiste à utiliser au maximum la délégation de pouvoir en ce qui concerne la gestion de la chose publique appelant une visibilité constante. C’est aussi ce qui explique la succession des gouvernements qui servent à couvrir ses propres fautes. Les changements ministériels interviennent aux moments où la critique du laxisme et de la corruption administrative atteint un summum. Conséquemment, aux yeux de l’opinion publique la seule culpabilité des ministres et hauts cadres de l’État est à considérer. Paradoxalement, ceux-ci restent impunis. Dans les cas retentissants, de simples fonctionnaires du service public sont démis de leur fonction un moment à la place des vrais responsables que sont les ministres et les personnalités dans le cercle du pouvoir autour du chef de l’État.

Au fond, cette stratégie est à deux vitesses : elle disculpe le président de la République des tares et fautes de gestion d’une part. De l’autre, elle lui permet de s’attacher la reconnaissance des cadres par le biais du laisser-aller et laisser faire dans la gestion. Ils peuvent alors s’enrichir en veillant aux intérêts personnels, matériels et politiques, du président de la République. La contrepartie !

Avec les partis politiques, il va essayer d’utiliser la même méthode pour s’allier des leaders politiques. Le Général Lansana Conté qui déclarait deux années auparavant sur les média internationaux, « Je n’ai pas d’opposants en Guinée » change de registre. Il annonce en ce début de 1993 vouloir rencontrer –individuellement – les leaders des partis politiques.

La réponse de l’opposition se fait à travers le Forum démocratique national (Fdn). À la suite de sa réunion du 20 janvier 1993, l’opposition considère que « globalement, cette ouverture est un début de dialogue mais insuffisante ».

Dans les déclarations des partis membres du Forum réapparait, de nouveau, l’exigence de la Conférence nationale comme préalable au dialogue. En majorité les leaders politiques rejettent les rencontres individualisées avec le chef de l’État.

Des concertations individuelles auront lieu plus tard, d’avril à juin 1993, principalement avec des leaders de l’Alliance nationale des forces démocratiques (Anfd). Jean Marie Doré de l’Upg –considéré comme appartenant à l’aile radicale– y répond lui, en juin 1993. Peu de choses intéressantes filtrent de ces rencontres. Les leaders l’ayant accepté se contentent de dire – amèrement – à la presse qu’ils avaient eu une enrichissante discussion sur l’avenir de la Guinée.

Les rencontres les plus attendues étaient celles avec Alpha Condé du Rpg et Siradiou Diallo du Prp. La concertation ne pouvait évidemment pas avoir lieu avec le leader du Rpg. Pour celui-ci, la base de ce dialogue devrait être : « d’élever le niveau du débat national sur le passage de la 2ème à la 3ème République »[vii]. En somme, le changement suivi de la passation de service ! La rencontre avec Siradiou Diallo avorta une fois et, il n’en fut plus jamais question. Cette démarche de dialogue individualisée du président de la République avec les leaders politiques restera donc inachevée, écorchant au passage son image politique. Puisqu’on s’accorde à conclure, en définitive, que « le président Lansana Conté n’est pas un homme politique de dialogue ».

À l’exception de Jean Marie Doré, la plupart des leaders politiques qui ont accepté cette rencontre finiront, plus tard, par s’allier soit à la mouvance présidentielle soit au Pup. Certains accepteront des postes de responsabilité gouvernementale ou en tout cas relevant de l’État guinéen. S’il n’est pas un homme politique avisé, le chef de l’État avait su négocier des adhésions !

D’autres moyens sont mis en œuvre pour rénover l’image de marque du président de la République. En effet, ignorant les grincements de dents du Pup, le Mouvement de soutien au président Lansana Conté (Mosalac) fait irruption sur la scène politique. Il a un rôle complémentaire de celui du Comité de soutien au président Lansana Conté (Cosalac). Ce dernier est une sorte de laboratoire de conseils, d’idées et de tactiques visant à bloquer les manœuvres de l’opposition.

Le Mosalac est conçu comme un mouvement d’action, un instrument de propagande en faveur de l’image de marque du président de la République. Composé de jeunes dans la tranche d’âge de 18 ans et plus, il est considéré comme une émanation du Cosalac, son aile activiste. Crée en février 1992, avant la naissance officielle du parti qui soutient les actions du gouvernement, il se distingue justement du Pup en centrant son action sur la personne du président de la République, le Général Lansana Conté. Son jeune président, Issa Soumah était à la tête de la Direction de la jeunesse du ministère de la jeunesse et des sports. Dans une entrevue accordée à L’hebdomadaire « L’indépendant », en 1993, il explique que : le Mosalac constitue un groupe de lobbying crée dans la perspective des présidentielles pour défendre l’image de marque du Président Lansana Conté.

Partant, il fournit des statistiques de réalisation sur le terrain que le Pup était loin de comptabiliser, en ce moment : nous avons fait du 2 juillet au 10 août 1992, puis du 1er octobre au 22 octobre et du 1er au 31 novembre 1992 – soit en 70 jours dans 33 préfectures, 14 000 km de route sur le terrain et tenu 95 meetings pour sensibiliser sur des thèmes comme la paix, l’unité nationale, et la tolérance à l’intérieur du pays. Nous avons également parlé des réalisations de la 2ème République, expliqué ce qu’est la Démocratie et démontré qu’il fallait mettre la nation au-dessus des partis politiques[viii]

Selon lui, la venue tardive du Mosalac sur le terrain s’explique par le fait que les apologètes du Pup voyaient en cette structure un potentiel parti politique concurrent autour du président de la République. Ce que dément le leader du Mosalac en affirmant : « les membres du Mosalac appartiennent au Pup mais avec l’objectif de soutenir le Président de la République, qu’il s’agisse des législatives ou des présidentielles »[ix].

L’on ne s’explique pas alors pourquoi le Mosalac n’était pas apparu au moment où il était question des préparatifs des législatives qui ont été reportées.

L’offensive du Mosalac fut un indice de l’inversion probable du calendrier électoral : les présidentielles d’abord, les législatives ensuite. La réalité était bien simple à percevoir malgré les camouflages : le parti qui soutient les actions du gouvernement, le Pup, ne semblait pas être prêt à affronter, victorieusement, les législatives et à assurer l’élection du président Lansana Conté.

Le pouvoir en place a donc décidé d’organiser les présidentielles, faire en sorte de gagner en utilisant diverses mouvances dont celles des couches socioprofessionnelles que l’opposition s’était aliénée. Élu, le président de la République pourrait – plus tard – apporter son électorat au Pup et lui faciliter l’obtention d’une majorité parlementaire. Il en sera ainsi par la suite.

Le débat visant le blocage de l’inversion du calendrier électoral reste au niveau du débat d’école, sans plus. L’opposition menace, pourtant, de boycotter les élections dans le cas d’une inversion de l’échéancier électoral. Requiem !

D’ailleurs, de février à juillet 1993, les partis politiques de l’opposition se concentrent sur une revendication unique : l’accès aux média nationaux. Ils espéraient, par ce biais, pouvoir mieux informer les populations guinéennes des enjeux politiques et économiques. En effet, dans la perspective des élections législatives, il avait été question de permettre aux leaders politiques d’intervenir sur la Radiotélévision guinéenne (Rtg) aux fins de campagne électorale. Cependant, la date et la nature des élections futures restaient indéfinies : Législatives ou présidentielles ?



 

 

 

 

 

 

 

 

 

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M
<br /> Moi je ne vous souhaite pas bonne fête aujourd’hui(particulièrement) parce que je vous célèbre tous les jours à travers ma mère. Ma<br /> civilisation me recommande de donner les 3/4 de ce que je peux donner à ma mère et donc la femme est spéciale. C'est pourquoi je ne copie pas une civilisation qui me vient d'ailleurs. Labas, la<br /> mère est dans une maison de retraite et le fils ne voit sa mère qu'une fois par an. C'est pour cela qu'ils ont instauré la fête des mères(Quelle société!). Labas, la femme est un objet qu'il faut<br /> maltraiter toute l'année et fêter une fois par an(le 08 mars) pour revendiquer son droit.Moi je vous dis que notre civilisation à nous vous donne vos droits 24x7 sur toute l'année.Vous avez les<br /> 3/4 des valeurs qui existent en tant que mère.Je vous souhaite 365 jours de fête pour chaque année de votre vie! Surtout restez vous mêmes!<br />
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O
<br /> <br /> Muy bene petit Mr. Moulk.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Moi je ne vous souhaite pas bonne fête aujourd’hui(particulièrement) parce que je vous célèbre tous les jours à travers ma mère. Ma<br /> civilisation me recommande de donner les 3/4 de ce que je peux donner à ma mère et donc la femme est spéciale. C'est pourquoi je ne copie pas une civilisation qui me vient d'ailleurs. Labas, la<br /> mère est dans une maison de retraite et le fils ne voit sa mère qu'une fois par an. C'est pour cela qu'ils ont instauré la fête des mères(Quelle société!). Labas, la femme est un objet qu'il faut<br /> maltraiter toute l'année et fêter une fois par an(le 08 mars) pour revendiquer son droit.Moi je vous dis que notre civilisation à nous vous donne vos droits 24x7 sur toute l'année.Vous avez les<br /> 3/4 des valeurs qui existent en tant que mère.Je vous souhaite 365 jours de fête pour chaque année de votre vie! Surtout restez vous mêmes!<br />
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