CHRONIQUE D'UNE DÉMOCRATIE ANNONCÉE-Publication intégrale

Publié le par O. Tity Faye

 

V- LES PRÉSIDENTIELLES AVANT LES LÉGISLATIVES

Les esprits étaient préoccupés par les élections nationales.  La célébration du 27 août, en cette année 1993, à l’opposé de 1992, se déroule sans faste ni heurts. Tenaces, les femmes de l’opposition ont organisé un meeting au stade de Coléah, dans la commune de Matam, à Conakry. Ce 16ème anniversaire du 27 août fut l’occasion pour elles de rendre « hommage » aux victimes de la répression du 27 août 1992 ; notamment des militantes qui ont trouvé la mort à Faranah, telles que : Fatoumata Kourouma, Moussougbé Camara et Saran Mara.

Plus que jamais, leur objectif est défini et confié à l’opposition : le renversement légal du régime de Lansana Conté pour la mise en place d’un État de Droit.

En cette fin du mois d’août c’est par Radio France internationale (Rfi) que les Guinéens et Guinéennes se font une idée de la marche à suivre pour les élections à venir. Répondant à une question de Nicholas Balik, journaliste de Rfi, le président de la République laisse entendre que « les élections présidentielles devraient se tenir dans trois mois[i]. À propos de sa candidature, il esquive : « Ce sont les partis politiques qui présentent les candidatures. Ils ne l’ont pas fait encore. Je ne peux donc pas vous dire si je suis candidat ou non ».

La presse nationale guinéenne s’attendant à une conférence de presse officielle pour la divulgation de la date et la nature des élections est irritée et frustrée.  Mais elle concentre ses analyses sur les candidats possibles notifiant au passage l’habitude instaurée de faire de décembre le mois des dates symboliques pour les élections sous la 2ème République.

À ce moment, les soubresauts de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (Cntg) reprennent. Malgré l’intervention du Bureau international du travail (Bit), l’ancienne centrale syndicale unique sous la 1re République avait déjà connu la désaffiliation de certaines organisations syndicales en novembre 1992.

Les syndicats sécessionnistes avaient accusé le Secrétaire général du bureau exécutif d’être en complicité avec le gouvernement et d’être responsable d’une mauvaise gestion financière. Dr Samba Kébé., Professeur d’université, avait abandonné la chaire au profit du syndicalisme. Ses résultats sont plutôt controversés.

Cette fois, c’est la Fédération syndicale professionnelle des banques en Guinée (Fesbag) qui signe son départ de la Cntg. Elle appelle à la création d’une nouvelle centrale syndicale capable de mieux assurer la défense des travailleurs. 

La création d’un comité de soutien aux déflatés de la fonction publique est, également, annoncée au même moment, avec la participation de la Cntg. Malgré les manifestations et revendications, leurs primes de licenciement n’avaient pas été payées depuis 1988.

L’Union générale des travailleurs de Guinée (Ugtg), dirigée par Issiaga Mara, s’oppose à un soutien venant de la Cntg. L’Ugtg a été parmi les premiers syndicats à quitter la Cntg. Avant d’être à la tête de l’Ugtg, Issiaga Mara fut au nombre des pionniers pour la défense des travailleurs licenciés de la fonction publique à la suite des tests d’évaluation.

Il réfute le comité de soutien jugé « tardif ». À cette occasion, il critique aussi l’attitude des leaders des partis politiques dont le soutien, souligne-t-il, a été timide et individualisé envers le mouvement de revendication des déflatés de la fonction publique. Issiaga Mara dénonce, également, la justice guinéenne qui, selon lui, « est restée sans réaction durant toutes ces années ».

Au moment de ces évènements, l’insécurité était devenue un mal endémique dans le pays. Les autorités nationales ne semblaient pas vouloir s’en occuper malgré la découverte de gangs, en treillis militaires, attaquant –la nuit tombée– des domiciles ciblés. Les rumeurs disaient que certains jeunes militaires spoliés des grades correspondant à leur formation et compétences compensaient par ce moyen leur revenu.

Sur le terrain politique, Le Général Lansana Conté bénéficie des avantages d’une course de vitesse engagé par le Pup avec l’appui des partis de la mouvance présidentielle. Le soutien de l’administration nationale à ces mouvements est de plus en plus manifeste. Le Pup, le parti qui soutient les actions du gouvernement, annonce la tenue de son congrès de renouvèlement. Des tracts et des mots d’ordre visant à boycotter les activités du parti d’obédience gouvernementale se multiplient au sein de l’opposition. N’empêche.

Les 28 et 29 août 1993, le Pup organise son congrès, à Faranah (851 km dans le sud-est) en Haute Guinée. Cette région considérée comme un fief de l’opposition, a été choisie par défi pour le renouvèlement des bureaux du Pup. Le congrès sera transformé en Conseil national d’investiture de son candidat aux élections présidentielles.

700 délégués des sections et sous-sections s’y sont retrouvés. La ville est mise sous état de siège par l’armée nationale guinéenne afin que les travaux ne soient pas perturbés. À la suite de l’élection des bureaux nationaux dont ceux des femmes et des jeunes, le Général Lansana Conté est choisi comme candidat officiel du Pup.

Toujours sous escorte de l’armée, le parti qui soutient les actions du gouvernement continue sa croisade de démonstration de force. Il se déploie en manifestations à Dalaba, en Moyenne Guinée, une autre région considérée comme un fief de l’opposition.

Le Comité de soutien à l’action de Lansana Conté (Cosalac) réussit une offensive fructueuse. Au cours du mois de septembre 1993, il recueille au sein de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (Adp) sept partis politiques pour le compte de la mouvance présidentielle. Cette nouvelle alliance comprend : le Parti des écologistes de Guinée (Peg), La Cause commune (Lcc), le Parti libéral démocrate (Pld), le Parti du Peuple de Guinée, (Ppg), l’Union nationale pour la prospérité (Unp) de Louis Faber, l’Union démocratique et sociale (Uds), le Parti guinéen de l’unité et le développement (Pgud). 

La majorité de ces partis politiques ne sont pas populaires sur le terrain. Toutefois, ils contribuent au fractionnement de l’électorat au détriment des partis de l’opposition. Mieux, les partis membres acquièrent une certaine importance plus au sein de l’Adp qu’isolés. Non seulement la manœuvre fait de l’effet mais elle constitue concrètement une parade aux alliances instituées au sein de l’opposition.

Avec l’Adp, on retrouve quatre associations : le Cosalac – maitre d’œuvre – et le Mosalac son instrument de propagande sur le terrain ; l’Union nationale des entreprises de pêche et activités connexes (Unpa) et l’Association solidarité, démocratie et liberté (Asdl). Ils réclament et soutiennent la candidature du chef de l’État, le Général Lansana Conté.

Le 3 septembre, ce dernier annonce, officiellement sur les antennes de la Rtg, l’organisation des élections présidentielles, le 5 décembre 1993. Pour la première fois dans un discours officiel, le président de la République fait appel à la société civile en même temps qu’aux partis politiques de l’opposition. Sur sa lancée, il conseille à toutes les parties le respect des lois en fustigeant l’attitude des autorités administratives au niveau des structures décentralisées qui –dit-il– « devront traiter à égalité de droit tous les partis politiques »[ii].

Les ingrédients pour des élections transparentes semblaient être contenus dans ce discours qui sonne comme une déclaration de bonne foi. Il restait à voir combien il était plus électoraliste que rassembleur.

Il est vrai que certains précédents pouvaient avoir aidé le président de la République à se convertir à de meilleurs sentiments. Entre autres, l’homélie critique de l’Archevêque de Conakry, Monseigneur Robert Sarah. Le prélat avait profité de la fête de l’Assomption pour mettre en garde contre les dérapages administratifs et ethnocentriques qui pourraient conduire le pays vers des conséquences regrettables.[iii]

Il y a eu aussi la plaidoirie lors de la visite en Guinée, en cette année 1993, du président Malien –Alpha Oumar Konaré– en faveur d’une transition démocratique ouverte et transparente dans les pays africains.

Enfin, il est important de considérer, selon les proches de la présidence les conseils du roi, feu Hassan II, du Maroc lors de l’inauguration de la nouvelle mosquée de Casablanca à laquelle le Général Lansana Conté avait été invité.

V.1 – La question de la candidature unique 

Dans l’opposition, on dissertait à propos du principe de la candidature unique, sans entente. Les alliances pour les législatives ne vont pas résister aux pressions et aux ambitions pour le fauteuil présidentiel.

C’est la Coordination de l’opposition démocratique (Cod) créée au début de 1993 en prévision des présidentielles qui va prendre le relais. Elle regroupe les partis signataires des premières alliances et les partis membres de l’Aguna dirigée par Facinet Touré. Siradiou Diallo du Prp, un moment mis au ban par l’opposition, est réintégré sans autres formes de procès.  Il y eut une absence remarquable : Bâ Mamadou Boye de l’Unr avait mis en place l’Alliance électorale et de gouvernement (Aleg). Celle-ci rejoindra, plus tard, la Coordination de l’opposition démocratique au sein du regroupement de l’opposition réunie.

Malgré de nombreuses réunions, les leaders politiques n’aboutissent pas à un consensus pour choisir l’un d’entre eux, comme candidat unique de l’opposition. Même à titre représentatif !

Le leader du Prp, Siradiou Diallo, résume parfaitement la situation : les partis de la Cod se retrouvent régulièrement. Le problème se trouve au niveau de la candidature unique. Mais la Cod et l’opposition réunie n’ont pas de dispositions statutaires pour désigner un candidat face au pouvoir. Dans aucun pays, on a vu un seul candidat face au pouvoir. Il n’y a pas de critères de choix. Le premier tour est un test indispensable à cet effet[iv]. L’esprit de la chose ! Ou « l’esprit du temps », peut-on dire.

L’argumentaire du leader du Prp se tenait de lui-même par rapport à la pratique courante qui est un schéma classique. Mais rien n’empêchait d’essayer une nouvelle démarche !

L’inversion de l’échéancier politique avait un motif purement politique : la peur du pouvoir en place face aux alliances des partis politiques de l’opposition pour les législatives. Alors que le Pup, le parti qui soutient les actions du gouvernement, n’avait pas encore réussi à s’implanter sur le territoire national.  Le pouvoir courait le risque de ne pas acquérir une majorité confortable qui assurerait l’élection du président de la République. D’où la nécessité d’une figure de proue : celle du président de la République en inversant l’échéancier électoral.

Il aurait fallu aussi que l’opposition ait sa figure de proue pour contrebalancer, équilibrer et, peut-être, remporter les échéances électorales ! Ces absences de consensus et de compromis politiques accompagneront les actions de l’opposition pour le reste du processus de transition, notamment en ce qui concerne les élections nationales.

C’est, certainement, une des raisons qui expliquent pourquoi Oury Bah, leader de l’Ufd, se démarquait toujours de cette opposition dont son parti était pourtant membre. Le 25 septembre 1993, il organise au siège de son parti dans la commune de Dixinn, à Conakry, une conférence de presse. En style télégraphique, il a dressé un bilan sombre de la situation du pays : climat d’insécurité, économie exsangue ; inféodation au gouvernement des organes de la transition ; égoïsme des hommes politiques dans une ambiance d’ethno-partisme et qui n’ont d’yeux que pour la place qu’ils veulent ; manque de dialogue franc avec le pouvoir.

Avec un pareil tableau, affirme son Secrétaire général, l’UFD a décidé de ne pas aller aux élections, car cette situation ne favorisera pas la tenue d’élections transparentes pouvant permettre l’amorce du changement souhaité.

Il rappelle, une fois de plus, que pour remédier à la situation, il faut une Conférence nationale souveraine qui serait plutôt une conférence de planification pour le développement comme passage obligé vers les élections transparentes. Malheureusement, sa carrière politique aura, par la suite, des zones d’ombre dans une lutte de préséance avec le défunt président du parti, Dr. Alpha Sow.

Contrairement aux vœux du jeune leader de l’Ufd, les leaders de l’opposition se préparaient à affronter, chacun à sa manière, les présidentielles de décembre 1993. Malgré leur incapacité à obtenir une candidature unique– ils tentent une dernière action commune pour avoir un impact sur les présidentielles. Ensemble, les partis politiques de l’opposition organisent, le 26 septembre, une marche de démonstration de force dans la capitale, Conakry. Elle remporte un succès énorme sur le plan de la participation et de la mobilisation. Une autre marche est alors prévue pour le 28 septembre, jour anniversaire du non historique de la Guinée, à la communauté française proposée par le Général De Gaule. Le pouvoir s’en effraie et contrecarre.

La veille de la date prévue, le gouverneur de la ville, Ousmane Camara, exprime son refus d’autoriser la marche dans sa juridiction. L’opposition tente d’avorter la manifestation en vain. Le mot d’ordre de l’annulation n’atteint pas tous les militants. Le gouverneur, membre du Pup, fait placer des barrages aux principaux points de la capitale avec les éléments de la brigade antiémeute. Cette dernière réussit à empêcher les regroupements de personnes au centre-ville. Mais dans la périphérie nord-est de la ville, dans la commune de Ratoma, des émeutes éclatent suivis de fusillades. Les quartiers concernés de la commune sont : Hamdallaye, Taouyah, Bambéto, Dar-es-Salam et Concasseur.

Rapidement, les affrontements avec les forces de l’ordre se transforment en affrontements entre les ethnies peulhes et soussous. Les contrôles d’identité aux barrages dans la commune de Ratoma – et plus tard dans la commune de Matoto – s’étaient convertis en barrages de vérification ethnique. L’intervention du Chef de l’État, pour rétablir l’ordre, est faite le 30 septembre ; soit deux jours plus tard.

Ces deux jours d’affrontement avaient déjà fait un bilan désastreux. Selon les chiffres officiels, il y a eu 18 morts et 198 blessés et mutilés. L’Association guinéenne des droits de l’homme dénombre 63 morts. Les sources hospitalières font état de 31 tués (21 morts à l’hôpital de Donka, 10 à l’hôpital Ignace Deen) et de 225 blessés.

Au lendemain des évènements tragiques, l’opposition dans une déclaration commune accuse le pouvoir en place « d’avoir déployé l’arsenal de répression dans le but de noyer dans le sang la marche pacifique ». Un doigt accusateur est pointé sur le Secrétaire général du Pup, El hadj Boubacar Biro Diallo au moment des faits. Il est désigné comme étant responsable d’avoir incité les autorités à la contre-offensive visant à réfréner la mobilisation en faveur de l’opposition. Aucune preuve ne viendra étayer cette accusation.

Quelques jours plus tard, le président de la République fait un mea culpa. Reconnaissant la responsabilité de l’État, il désavoue – publiquement – l’attitude du gouverneur de la capitale, des maires, des chefs de quartiers et de secteurs, dans la tragédie.

Les évènements n’altèrent en rien la course à la présidence de la République. Mais ils plongent la capitale dans une atmosphère de peur qui aura des incidences sur le déroulement des élections. Dans la foulée, certains partis politiques, à l’instar du Pup, organisent leur congrès dans le courant du mois d’octobre. Le Prp de Siradiou Diallo tient son congrès extraordinaire à Mamou –en Moyenne Guinée– une ville reconnue pour être un carrefour cosmopolite ethnique. Une dizaine de partis politiques invités y participent. Un fait qui attira l’attention sur ce congrès est qu’il fut présidé par El hadj Mamadi Konaté, responsable de la section Prp de Dakar, père d’un éminent membre du Pup, Sékou Konaté.

725 congressistes ont désigné Siradiou Diallo comme le candidat du parti aux élections présidentielles du 5 décembre 1993. En plus des militants locaux, les représentants de 38 sections du parti étaient venus du Nigéria, de France, de Guinée Bissau, de Gambie et de Côte d’Ivoire. Ce congrès et celui du Pup ont été les conventions d’investiture qui firent couler beaucoup d’encre en cette période électorale. La succession des congrès, conventions d’investiture, ou simple désignation à la candidature présidentielle dévoile les autres candidats aux élections présidentielles.

V.2 - L’article 94 du Code Pénal … 

À l’approche de la date des élections présidentielles, le pouvoir en place multiplie les obstacles en tous les genres. Les formations politiques de l’opposition tentent de les contourner.

Dans la première quinzaine du mois d’octobre, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité met sur la table de débat la question de la double nationalité. Il vise en particulier les candidatures pour la présidence de la République. L’article 94 du code pénal, fait – il ressortir, stipule que « tout Guinéen accrédité d’une deuxième nationalité perd la première ». Il tente, ainsi, d’introduire la procédure d’irrecevabilité de la candidature des leaders politiques Guinéens venus de l’extérieur. Il faut rappeler que la plupart d’entre eux étaient d’anciens réfugiés et d’anciens opposants au régime révolutionnaire de la 1re République. Comme eux, beaucoup d’exilés Guinéens avaient dû recourir à la double nationalité pour mieux organiser leur vie à l’extérieur. Pour Alsény René Gomez, les candidats doivent s’expliquer devant la Cour suprême (...) Opter pour la magistrature suprême commande qu’on soit, exclusivement, de la nationalité guinéenne. La double nationalité n’est pas admise par la loi guinéenne ... Je ne sais pas qui a la double nationalité et qui ne l’a pas. Il faut attendre de connaitre les candidats et les preuves sur la double nationalité.[v].

Il aurait fallu utiliser ce critère au démarrage du processus de transition démocratique.  En 1990, l’appel spécifique lancé par le président Lansana Conté aux réfugiés Guinéens pour la reconstruction du pays avait permis la mise en place d’un secrétariat d’État comme structure d’accueil. Cette structure aurait pu prendre en considération la question de la double nationalité.

En réalité, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité ravive l’autre face de la stratégie politique du gouvernement. Elle consiste, depuis les premières heures des mouvements politiques, à faire croire aux populations que les ayant-droits légitimes à la direction du pays sont – exclusivement – les guinéens qui sont restés au pays.

La réplique de l’opposition vient, principalement, du leader du Prp, Siradiou Diallo. Le 20 octobre, il réagit en ces termes : C’est un attrape nigaud, une sorte de stratagème, de subterfuge, pour corriger l’impopularité du pouvoir (...) J’attends que quelqu’un vienne m’en parler ; il y aura une nouvelle situation dans le pays[vi], affirme-t-il, loquace.

La menace est claire et la contre-attaque instructive : si certains, poursuit le leader du Prp, voulaient poser le critère de nationalité double, pourquoi ne l’ont-ils pas fait pendant la légalisation des partis politiques ? Les leaders des partis venus de l’extérieur sont-ils des étrangers ? Pourquoi a-t-on autorisé alors des partis étrangers?

Des interrogations auxquelles la réponse fut l’abandon pur et simple par le ministre de l’Intérieur et par la Cour suprême de ce critère d’éligibilité à la candidature aux élections présidentielles. En effet, selon les révélations de Siradiou Diallo, L’article 94 du Code pénal frappait également des compétences au plus haut niveau de l’État : Lamine Sidimé (alors président de la Cour suprême), déclare-t-il, a passé son agrégation de Droit en tant que Sénégalais. Il y a une autre nationalité pour le ministre de la Justice, Salifou Sylla, et tant d’autres ... Au moment où je battais campagne pour le référendum de 1958 Lansana Conté faisait la guerre d’Algérie en qualité de soldat de nationalité Française. 

L’imbroglio juridique était là et le gouvernement guinéen l’évita. De sorte que cette question de la double nationalité est restée – pendant longtemps – un trou dans la juridiction guinéenne. Une interrogation restait en suspens : Que faire si un jour, un Guinéen de double nationalité pénalisé sous le coup d’une quelconque loi en Guinée, requiert la juridiction d’un État dont il détient également la nationalité ?

La transition démocratique laissa cette question en suspens jusqu’en 1997. L’on statuera à ce propos quatre ans après l’installation d’une Assemblée nationale légale !


NOTES DE RÉFÉRENCE

Déclaration faite par le président de la République en août 1993 – Radio France Internationale.  

[ii]  - Discours radiotélévisé – 5 décembre 1993

[iii]  - Intervention radiotélévisée du chef de l’Église guinéenne

[iv]  - Point de presse au siège de L’indépendant – septembre 1993

[v]  - Entretien avec le ministre de l’Intérieur et de la sécurité – octobre 1993

[vi]  - Entrevue avec le leader du PRP – 28 octobre 1993, L’indépendant n°41, p.2

 

 

Publié dans Politique

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